Il faut imaginer des moines défricheurs venant de l’Anjou ; certains ont pris en charge la léproserie de Rochementru avec une église appelée Sainte Magdeleine ; d’autres s’installent à proximité dans l’actuel hameau des Abbayes avec une chapelle dédiée à St Lambert. L’église de Rochementru est dans un état tout à fait déplorable et ne peut recevoir que 20 personnes. On admet que la dévotion à Saint Lambert viendrait du Comte d’Anjou Geoffroi Martel qui a régné de 1040 à 1060 (St Lambert la Potherie, St Lambert des Levées, St Lambert du Lattay).
Vers 1809, par suite d’un incendie de l’église, nécessité fut de convertir la grange de la cure en église pour le rétablissement du culte. Il faut reconstruire. Le 19 mai 1824, monsieur le Marquis de Rochequairie, de la Motte Glain, envoie au préfet l’unique exemplaire du plan qu’il a élaboré, et demande de lui renvoyer avec accord pour exécution. En 1827 l’église est achevée, reconstruite de façon rudimentaire avec des matériaux à bon prix. Cette église fut bénite le 28 octobre 1827 par Monseigneur Vaugirard, curé de St Mars la Jaille, assisté de 14 autres prêtres.
A la fin du 19ème siècle, le rapport de l’architecte Bougouin est alarmant : l’église du Pin tombe de vétusté. La population se mobilise à l’appel du curé Louis Maillard, qui a marqué l’histoire de la paroisse. D’ailleurs, le sculpteur nantais Joseph Vallet a réalisé, d’après modèle vivant, la tête du curé Louis Maillard, dans le chœur de l’église. Le 4 mai 1902 c’est la bénédiction de la première pierre. Mais le curé Louis Maillard prend la décision de construire un calvaire à la place d’un clocher, ce qui est beaucoup moins onéreux. La nouvelle église a été bénite le 29 novembre 1903, puis le clergé et l’assistance sont venus dans l’église provisoire chercher le Saint Sacrement, qui fut porté triomphalement à la nouvelle église. Le Saint Sacrement fut exposé du commencement de la messe à la fin des vêpres.
Lors de la pose des colonnes en granit rose de Chantenay, le travail est délicat. L’horloge vient du beffroi de Ste Croix de Nantes ; pourtant fatiguée, elle doit, au gré de ses caprices, sonner les heures graves de deux guerres mondiales. Grâce aux vingtaines de donateurs, de nombreux vitraux sont réalisés par le maître verrier Charles Champigneulle de Paris. Le vitrail à gauche dans le chœur, offert par le maire René Marin, évoque la fin tragique de Saint Lambert. Le sertissage de plomb pour certains vitraux a été refait lors du mandat du maire Alexis Lebihan. Entre les années 1960 à 1965 le chœur de l’église a été modifié : autel en marbre ; sainte table en fer forgé remplacé par du marbre, grâce au donateur Mathurin Marin. Le tabernacle, remarquable, est situé à la place de la chaire ; la croix est déplacée au centre du chœur ; la statue de St Lambert placée sur le petit autel de droite. Après la refonte de la petite cloche nommée « Lambert » (grâce à la municipalité), celle-ci a eu droit à une nouvelle bénédiction, le 25 juin 2021, par l’abbé Jean Marc Houssais, en présence du Maire et de paroissiens.
La ‘St Lambert’, le 17 septembre, était une foire très réputée autrefois. Les forains arrivaient pour la plupart de la célèbre foire de Béré. Dès 1919, au sortir de la guerre on veut reprendre l’ambiance de la fête : on décide que les forains, cirques, balançoires, cinéma, manèges de chevaux de bois, s’installent sur le champ de foire à l’occasion de la St Lambert. Elle a existé jusqu’en 1984.
Antoinette Bonnet