Le Père Joseph Gelineau aimait à dire qu’un chrétien ne croit pas seulement avec sa tête, mais aussi avec ses pieds. La formule peut surprendre, tant nous pensons la foi en terme de concepts. La liturgie pourtant nous enseigne que c’est l’être tout entier, corps et intelligence, que la démarche croyante met en chemin. Avant d’être un discours sur Dieu, la liturgie est un chemin sur lequel Dieu nous rejoint; les disciples d’Emmaüs nous en retracent l’expérience. Dès lors, il n’y a pas à s’étonner que les processions tiennent autant de place dans les rites liturgiques, et nous gagnerions à y réfléchir avant de trop vite nous en passer. Pratique très ancienne, la procession chrétienne met le croyant en chemin ; elle l’inscrit tout entier sur un itinéraire de foi.
Le chrétien n’est pas un être installé; à la suite d’Abraham, de Moïse, du Christ et des Apôtres, il marche vers son accomplissement en Dieu. Cependant, toutes les processions n’ont pas la même visée.
Ainsi, la procession d’entrée, parce qu’elle traverse l’assemblée, fait de celle-ci un peuple qui va vers Dieu.
La procession du Livre des Écritures, en particulier de l’Évangéliaire, exprime que la Parole vient, traverse et oriente l’assemblée vers un Dieu qui entre en conversation avec son peuple.
La Procession des dons, s’avançant du fond de l’église, fait entrer l’assemblée dans le mystère d’échange de l’Eucharistie : l’homme apporte à Dieu les dons qu’il a reçus de lui (le pain et le vin) pour recevoir de Lui, à la communion, ce même don divinisé. La procession de communion rappelle que le pain nous est donné pour la route, que marcher ensemble réalise déjà la communion; en outre elle offre un espace et un temps pour nous préparer à recevoir le Christ.
Quant à la procession de sortie, elle met le chrétien en marche vers le monde auquel la liturgie l’invite à porter la Bonne Nouvelle.
Extrait du Missel des dimanches 2022