Au coeur du mémorial, l’acclamation

« Faites cela en mémoire de moi » (Luc 22,19).En accomplissant l’ordre reçu du Seigneur, l’Eglise fait mémoire du mystère de la foi : mort, résurrection et attente de la venue du Christ dans la gloire. Faire mémoire, c’est se fonder sur un événement historique et passé, pour annoncer son actualisation et en appeler la réalisation en plénitude. Ainsi, dans un acte de foi au cœur même de la célébration eucharistique, l’anamnèse tient ensemble passé, présent et avenir.

Observons les quatre acclamations proposées par le Missel. Elles rappellent d’abord, par un invitatoire, que nous sommes au cœur de la foi : « Il est grand le mystère de la foi » ; « Acclamons le mystère de la foi » ; « Qu’il soit loué le mystère de la foi » ; « Proclamons le mystère de la foi ». L’acclamation de l’assemblée se décline ensuite à l’aide de verbes actifs : annoncer, proclamer, attendre, rendre gloire.

Seule, la troisième anamnèse suit un schéma différent. Invitant les fidèles à louer le mystère de la foi, elle s’inscrit nettement dans la dynamique de la prière eucharistique, grande louange adressée au Père. Puis c’est un cri au Christ Sauveur et l’affirmation que la croix et la résurrection nous donnent le salut. On peut être surpris par l’absence de l’attente de la venue du Seigneur dans la gloire. Il nous faut alors nous souvenir de ce que disait St Paul : « Nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ; voir ce qu’on espère ce n’est plus espérer : ce que l’on voit , comment peut-on l’espérer encore ? Mais nous qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec espérance » (Romains 8,24). Telle est la dynamique de la foi, une dynamique de l’attente active. Dès lors, évoquer le mystère de la foi et le salut que le Christ nous apporte nous introduit dans cette attente, même si les mots ne le disent pas explicitement. Enfin, cette nouvelle acclamation d’anamnèse nous fait proclamer que nous sommes libérés par la mort et la résurrection du Christ. Depuis l’aube de Pâques, la mort et le péché sont vaincus. La vie triomphe ; l’homme est libéré de toutes ses entraves. Mais nous ne vivons encore que les prémices de cette libération qui ne sera pleine et entière que lorsque le Seigneur reviendra dans la gloire.

Inscrivant notre vie dans la dynamique de la foi, au cœur même de l’eucharistie, l’anamnèse annonce et célèbre une espérance plus forte que toutes les morts.

Extrait du Missel des dimanches 2022