Trêve, ou feuillette, de la paroisse du Pin depuis 1497, Saint-Sulpice-des-Landes a été érigée en paroisse le 23 avril 1768. Ce titre permit alors – moyennant une rente annuelle perpétuelle, vite tombée en désuétude – de s’affranchir de l’obligation de se rendre les jours de grandes fêtes à l’église Saint-Lambert pour accomplir ses dévotions.
À l’extrême limite orientale du territoire local, le bourg est alors formé de quelques maisons regroupées au sud-ouest de la vieille église. Propriété du département depuis 1979, c’est là qu’elle se dresse encore, désormais classée monument historique pour l’impressionnant décor pictural peint qu’elle renferme. Les études de dendrochronologie – datation de pièces anciennes – menées plus récemment au niveau de sa charpente situent la construction de la partie est en 1447 et de la partie ouest – extension – en 1456.
Il y avait pourtant un bâtiment encore plus ancien. Au XIIe siècle, deux textes évoquent Saint-Sulpice : « En 1151, les moines de Marmoutiers tenaient en commun avec les religieux de St-Sulpice-des-Landes l’église de Sainte-Marie-des-Landes… » Ces derniers dépendaient de l’abbaye de Saint-Sulpice-la-Forêt, près de Rennes. Il est indiqué par ailleurs que l’église Sainte-Marie-des-Landes, en 1186, est citée parmi les possessions de Saint-Florent-de-Saumur. Peut-être aussi est-ce à cette époque que l’église changea de vocable et devint Saint-Sulpice-des-Landes.
En 1820, la population flirte avec les 1 000 habitants. L’édifice religieux, est devenu trop petit. Face aux projets coûteux de construction d’une nouvelle église, se formera alors un parti de la bâtir dans un lieu plus central. Après deux ans de discussions et deux enquêtes, la translation se fera à La Barre-David, un hameau qui s’étoffe, éloigné seulement d’un peu plus d’un kilomètre de l’ancien bourg.
Commencée le 24 juin 1840, elle sera érigée en église paroissiale le 28 juin 1845 et bénie le dimanche suivant 1er juillet. Mais déjà, durant ce lustre, des tassements considérables nécessitèrent réparations et études complémentaires. Et dans les décennies qui vont suivre, les habitants vont assister à la longue décrépitude de l’édifice, ponctuée de rapports, de sondages, de travaux de consolidation, de démolition, de sécurisation, de réparations urgentes, d’interruptions faute de ressources, de différends et d’accusations, jusqu’à la foudre le 28 août 1873. En février 1878, le Conseil municipal envisage la reconstruction, sauf le chœur en assez bon état. Janvier 1879, le Conseil de fabrique décide de commencer les travaux. L’opération ne débutera qu’au printemps 1889. Or, début novembre, il faudra se résoudre à étayer le chœur ; la charpente et les murs demandant à être reconstruits de façon aussi impérieuse que le reste. Ce vaste programme, achevé en août/septembre 1890, aura donc porté sur la presque totalité du bâtiment.
En février 1962, la transformation du chœur conduira à la consécration de l’église, le dimanche 21 juin 1963, par Mgr Villepelet, évêque de Nantes, assisté de Mgr Hubert, enfant du pays, vicaire apostolique d’Héliopolis en Égypte. Le dimanche 14 avril 1991, Mgr Émile Marcus, évêque de Nantes, présidera le centenaire de la reconstruction. Fragile dès sa genèse, les malheurs perdureront. En 1942, dans les années 1970 et 1990, nouvelles réparations de la voûte. La chute d’un placard de plâtre de plusieurs mètres carrés entraînera, le 12 janvier 2010, une fermeture provisoire. L’église rouvrira à l’été 2014, après démolition totale de la voûte. C’est la situation connue aujourd’hui…
L’église paroissiale renferme des œuvres contemporaines. Peint par Louis Ferrand, un chemin de croix moderne a été érigé et béni fin 1962. Il sera exposé à deux reprises à Nantes : mai-juin 1992 au château des Ducs et mars-avril 2015 au passage Sainte-Croix. À voir également trois tapisseries de Jorg Morin, tissées par Jacques Place-Lecaisne, grand tapissier. Avant d’être installées dans l’église en 1964, elles avaient été exposées à Paris, à Jouarre, en Allemagne (Cologne, Coblence, Mayence), en Suisse (Fribourg) et à l’Abbaye du Bec en Normandie.
À noter que la chapelle Saint-Clément, au sud-ouest de l’agglomération, jouissait, dès le Moyen-âge d’une réputation extraordinaire. Des lieues à la ronde, on y venait en pèlerinage demander un temps favorable aux biens de la terre. En 1976, année de grande sécheresse, une foule évaluée à 4 000 personnes s’y est rassemblée le mardi 22 juin.
Hervé Riteau
